Interview d’Antoine Russail qui dirige le département des Petites et Moyennes Surfaces sur le secteur Paris-Opéra, Bourse-Opéra et Saint Lazare, en plein cœur de la Silicon Sentier.

Comment expliquez-vous la concentration des Start-up dans le Sentier ?

A R : Lorsque nous avons commencé à travailler avec les start-up , nous avons eu beaucoup de mal à les placer à cause de leurs moyens financiers limités. Le quartier du Sentier offrait un bon compromis en termes de localisation et de budget. Suite au départ des fabricants, grossistes et distributeurs de textile, beaucoup de locaux qui s’assimilaient plutôt à des entrepôts sont en effet restés vacants. A défaut de trouver d’autres preneurs, les propriétaires privés considérant plutôt leurs loyers comme des rentes ont accepté de louer leurs locaux à des loyers faibles – accessibles pour ces jeunes sociétés. Raison pour laquelle les start-up ont choisi dès l’origine le 2ème arrondissement parce qu’il était l’arrondissement le moins cher de Paris.

Aujourd’hui la situation a beaucoup évolué, la quasi-totalité des start-up que nous accompagnons dans leurs recherches de bureaux nous contacte suite à une levée de fonds et à des projets de développement.

 

Vous évoquez la culture réseau des start-up. Comment se traduit-elle dans leurs choix immobiliers ?

AR : Les start-up ont une culture des réseaux qu’elles cultivent dans une proximité d’implantation géographique y compris avec leurs concurrents contrairement à la génération d’entrepreneurs qui les a précédé. Ces derniers s’installaient à La Défense ou dans le 8ème arrondissement de Paris – plutôt dans une logique de proximité avec leurs clients. Nées sous l’influence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs inspirée par les entreprises des nouvelles technologies. Les start-up privilégient au contraire l’esprit communautaire de la « Silicon Valley »

Cette proximité avec leurs concurrents est inattendue ! Comment l’expliquez-vous ?

A R : Cette logique de concentration géographique tient de l’effet de mode, du changement de paradigme culturel, mais aussi d’une forme d’opportunisme. Les start-up se côtoient, se fréquentent régulièrement, et organisent même conjointement des conférences comme sur le dernier salon Viva Tech, où j’ai eu l’occasion d’assister à des conférences coanimées par 3 à 4 start-up concurrentes traitant du même sujet ! Cette concentration géographique repose également sur une concurrence avérée dans le recrutement des talents professionnels qui incite les start-ups à choisir des emplacements attractifs quitte à se trouver à coté de leurs concurrents.Certains salariés vont ainsi jusqu’à changer plusieurs fois de société sans quitter le même immeuble.


 

Antoine Russail

Antoine Russail

Direction Agency Paris Centre CBRE