Klaxons, sirènes et trottoirs bondés de piétons caractérisent nos grandes métropoles. Pourtant c’est dans ce décor qu’un fléau silencieux se répand : la solitude.
Les citadins se comptent par millions en métropoles et le nombre de connexions numériques atteint des sommets. Cependant le sentiment d’isolement de ces populations grandit, et ce, malgré l’agitation de la ville.
L’urbanisation, le chemin vers l’isolement ?
En France, plus de 5 millions de français seraient en situation objective d’isolement selon la Fondation de France. Le vingtième siècle est marqué par un mouvement d’urbanisation massif et la France n’a pas été épargnée : 77,5% de la population vit aujourd’hui en ville, la proportion n’était que de 52,9% en 1936. « Ce mouvement s’est accompagné pour beaucoup du sentiment que les métropoles se transforment en mégalopoles, ne cessent de s’étendre et de devenir des « non-lieux », des espaces de circulation impersonnels où prévaut l’anonymat des individus ». Les personnes âgées, les handicapés mais aussi les jeunes seraient les plus vulnérables.
Les personnes en transition (déménagement, changement d’emploi, départ des enfants ou deuil) sont également susceptibles d’être touchés par une solitude chronique.
S’associer pour repenser les villes ?
Une population vieillissante et une hausse du nombre de ménages composé d’une seule personne pourraient accroître ce phénomène.
Pour lutter contre la solitude, les villes, les dirigeants et les promoteurs immobiliers doivent travailler ensemble et mettre en œuvre des initiatives et des projets visant à renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté. Créer une « infrastructure sociale » où les gens peuvent se rencontrer et partager des environnements agréables peut contrer ce mal-être social.
Si la prévention de la solitude est déjà prise en compte dans la conception de résidences pour personnes âgées, il est important de reconnaître que ce problème existe à tous les âges. Dans cette perspective, la construction d’immeubles communautaires dans les nouveaux projets de développement citadin, surtout dans des villes transitoires comme Paris, est à encourager.
Le développement du Co-Living, une solution à creuser ?
Le coliving, c’est une colocation améliorée. Ce concept d’habitation partagée privilégie les espaces communs aux parties privées, souvent réduite à un studio ou à une chambre avec salle d’eau. Il propose une variété de services qui dépendent de la qualité de la prestation. L’essor du coliving s’explique par son aspect pratique, flexible, un confort vite assuré et l’ancrage social qu’il permet.
« Aux États-Unis, le coliving a du succès. Cette tendance favorise de nouvelles opportunités pour les locataires mais également pour les propriétaires. C’est gagnant- gagnant pour tout le monde. » déclare Jeanette Rice, Head of multifamily research chez CBRE aux Etats-Unis.
Pour les jeunes adultes, le coliving est un moyen de les mettre en liens avec des personnes partageant les mêmes idées, ce qui réduit les risques d’isolement social. Pour les Seniors, il offre la possibilité de louer à l’infini, une solution souvent jugée idéale pour les personnes âgées. De plus cette forme de cohabitation peut proposer des activités et des équipements que les maisons de retraite n’offrent généralement pas.
La marche pour faire un pas vers l’autre ?
Ce n’est un secret pour personne : la marche est bénéfique pour la santé. Qu’il s’agisse de réduire le risque de maladie cardiaque et d’accident vasculaire cérébral ou de combattre le stress et l’anxiété, la marche améliore la qualité de la vie. C’est aussi un vecteur de socialisation. C’est dans cette perspective que la ville de Paris lance « Paris en Compagnie », un service gratuit d’accompagnement des seniors. Ce service de lutte contre l’isolement dédié aux personnes âgées parisiennes est financé par la Ville de Paris et animé par les structures Autonomie Paris Saint Jacques, les Petits frères des Pauvres et Lulu dans ma rue. Il s’appuie sur un réseau de Parisiennes et de Parisiens volontaires.
Plus de vert dans la conception des bâtiments comme remède ?
La nature est propice au calme et à la sérénité. C’est pourquoi il n’est pas surprenant que les espaces verts urbains, tels que les parcs et les jardins publiques, jouent un rôle crucial dans le bien-être des citadins. L’accessibilité à ces espaces favorise les interactions sociales et réduise l’anxiété. L’intégration de végétaux dans la conception des bâtiments et des espaces de travail se révèle également bénéfique pour le bien-être des occupants.
En ce sens, l’intégration des plantes dans la conception des espaces permettraient d’améliorer le moral, la productivité et de réduire le stress. Une étude réalisée auprès de 124 employés du bureau CBRE à Amsterdam a révélé que l’ajout de plantes vertes dans les bureaux a stimulé 76% des travailleurs interrogés. 78% des employés ont déclarés être plus heureux et en meilleure santé (pour 65% d’entre eux).
L’émergence de concepts communautaires novateurs et la place grandissante qu’on accorde aux espaces verts offrent aux promoteurs un levier non négligeable pour lutter contre le sentiment de solitude des citadins.
Ce sujet est une adaptation de l’article How developpers can help reduce loneliness in cities publié sur blueprint.cbre.com