Mohamed Aghraira Directeur adjoint CBRE bureaux IDF Nord Est nous décrit le marché d’immobilier de bureaux de la 1ère couronne Nord Est et Sud au travers du profil des entreprises qui s’y installent.
Un territoire qui est passé d’une image de « no man’s land exotique » à celle d’opportunité foncière ?
MA : Longtemps le Nord, l’Est et le Sud de Paris étaient considérés comme des « no man’s land exotiques ». Mais, depuis une dizaine d’années, nous constatons de grands mouvements d’entreprises qui quittent La Défense et Paris pour s’installer en 1ère couronne Nord Est ou Sud. Je pense à la SNCF qui a transféré sa Direction Générale et de l’Ingénierie à Saint Denis (d’autres services et filiales les suivent), à Veolia Environnement qui a déménagé sur 40.000 m² Porte d’Aubervilliers ou encore à La BNP qui a installé massivement un pôle back Office dans l’Est parisien à proximité des Grands Moulins de Pantin et de la ZAC Claude Bernard.
De la vision d’une « destination exotique », on est passé à une opportunité foncière et de construction à bas prix qu’il faut saisir.
Ce territoire est devenu un outil de travail totalement orienté vers la performance, présentant des prix particulièrement compétitifs par rapport à d’autres secteurs plus consensuels et plus conventionnels.
Les particularités de ce territoire impactent-elles la typologie des utilisateurs ?
MA : Oui, nous travaillons pour des administrations, des centres de formation, des entreprises appartenant plutôt au milieu industriel avec des besoins de bureaux parfois associés à des laboratoires. Nous accompagnons toutes sortes de PME, PMI s’inscrivant dans des secteurs d’activité différents qui nous engagent dans des missions très variées. Certains acteurs appartenant au secteur d’activité de la mode et de la créativité ont quitté Paris pour s’installer à Pantin. C’est le cas par exemple de BETC ( groupe Havas) ou de la filiale du groupe Celio : Jennyfer qui va quitter Clichy pour s’installer à la hauteur de la Porte de la Chapelle en lisière de La Plaine Saint Denis. Parallèlement, les administrations choisissent des espaces structurés avec des bureaux individuels mais, ces traditions amorcent un changement vers plus de travail collaboratif et moins de compartiments. Nous faisons constamment le grand écart entre des entités, des métiers, des activités totalement différentes aux besoins tout aussi différents. Nous possédons un héritage culturel et architectural riche. De façon un peu caricaturale, on pourrait dire qu’il y a les tours à La Défense, les immeubles haussmanniens du QCA parisien et les arrondissements Est de Paris où cohabitent d’anciennes manufactures, des immeubles des années 30 ou des immeubles de bureaux totalement restructurés comme dans le 12ème arrondissement , à Montreuil ou à Créteil.
Ce marché d’immobilier de bureaux attire notamment la nouvelle génération d’entrepreneurs . Comment l’expliquez-vous ?
Notre territoire géographique s’inscrit à proximité des deux pôles tertiaires historiques que sont le QCA Parisien et La Défense. Il existe de plus en plus d’entrepreneurs qui innovent, créent de nouvelles économies et veulent se démarquer notamment par le biais de bureaux atypiques. La nouvelle génération de dirigeants d’entreprise avec laquelle CBRE travaille a envie de sortir des bureaux normés et standards, des environnements classiques avec moquette, cloisons, pavés lumineux et faux plafond. Cette nouvelle génération d’utilisateurs préfère des espaces plus authentiques, avec une belle hauteur sous plafond et possédant « une âme » . Des critères que privilégient notamment les métiers créatifs et qui sont partagés avec les centres de coworking. L’ offre immobilière se transforme pour une économie qui se transforme aussi !
Mohamed Agrhaira
Directeur adjoint CBRE bureaux IDF Nord EST