Dans le cadre du dernier numéro spécial de BusinessImmo sur « l’Obsolescence », Arnaud Syoen directeur Valuation and advisory de CBRE Bordeaux a écrit un article sur les questions que soulève le développement de la voiture autonome dans la ville inadaptée par des conceptions désormais anachroniques.

L’adaptation de la ville pourrait donner naissance au marché de la « voiture de loisirs » déjà convoité par les grands de la technologie et de la construction automobile, mais qui nous engage d’ores et déjà dans une réflexion sur l’obsolescence des fonctions urbaines et la nécessité de réinventer de nouvelles formes urbaines.

Inspiré par le thriller de science-fiction « les Joueurs de Titan *» de Philip K. Dick, Arnaud Syoen s’interroge sur les sujets de l’hyper métropolisation, de l’hypermobilité, de la révolution technologique et des conséquences de ces évolutions sur nos modes de vie. Ce nouveau concept économique de voiture indépendante porté par une ambition technique pourrait fluidifier la circulation dans la ville et modifier la relation que les citadins entretiennent avec leurs modes de déplacements en voiture.

Un pari qui devra dépasser les comportements largement partagés des urbains en matière de transport tant ils sont ancrés dans des habitudes si l’on en croit « l’Etude Inspired by you » menée par Citroën en 2017. Les conclusions de cette étude révèlent des chiffres éloquents comme 80% des distances en France sont parcourues en voiture, 95% des voitures particulières ne transporte que leur conducteur alors que 95% du temps de vie d’une voiture et 1/3 de son temps de circulation en ville sont consacrés au stationnement. Une pratique de la voiture qui a figé les villes devenues des « hots urbains » ultra denses et complexes.

Dans un environnement urbain devenu obsolète, comment la voiture autonome peut-elle s’intégrer et être privilégiée par 66% des français qui considèrent leur voiture comme incontournable au quotidien ?
Le concept est défendu notamment par UBER, le pionnier du VTC (Véhicule de Tourisme avec Chauffeur) qui perçoit la voiture autonome et l’électrification du parc automobile comme des éléments de démocratisation de la mobilité et de réduction des coûts de trajet. Ce choix, qui engagera l’utilisateur à renoncer à une économie de la propriété pour une économie de l’usage pourrait mettre fin au stationnement, à la congestion des villes aux heures de pointe, tout en préservant le temps de conduite qui pourrait-être réservé à d’autres activités.
Ville imaginaire et utopique ? Les réflexions s’accélèrent autour de la place du piéton, des parkings en infrastructures désertées, des accès aux immeubles de bureaux et de la gestion des flux que les centres commerciaux devront réinventer. Une évolution qui pourrait accentuer la fracture entre centralités urbaines et territoires semi-ruraux pour lesquels ces investissements ne se justifient pas.
La ville devra réinventer de nouvelles formes d’urbanisation pour accompagner cette voiture du futur connectée programmée dans nos modes de vie citadins.
* Un roman anticipatif avant-gardiste écrit en 1963 qui pose la question de l’intelligence artificielle appliquée à la robotisation automobile et à son impact sur l’environnement urbain.


Source : « La voiture autonome : un catalyseur de l’obsolescence programmée de nos villes »

              par Arnaud Syoen. BusinessImmo 29/11/2017.

Arnaud Syoen

Arnaud Syoen

Directeur CBRE Valuation and Advisory