C’est l’été mais avant la trêve du mois d’août, CBRE vous propose sa veille du mois de juillet. Nous avons scruté les tendances qui agitent la vie au bureau et avons déniché 2 mots de vocabulaire branché, 2 expérimentations assez radicales et 2 études qui renouvellent notre vision du mobilier et du management.   

 

Les 2 mots : à placer dans une conversation !

Coffice : contraction formé des termes anglais coffee et office. 

Blurring : Confusion progressive des activités professionnelles et personnelles

Les 2 expérimentations : il fallait oser !

Out of office paru le 24/07/14 dans mode(s) d’emploi.

Le studio de design Knol a inauguré un espace de coworking baptisé « Out of office » et situé dans le centre d’Eindhoven aux Pays-Bas. Knol s’est associé avec le musée d’art moderne de la ville pour créer une sorte de happening artistique. Pendant un mois, Out of office s’est radicalement transformé pour passer d’un univers coloré et collaboratif à un openspace cloisonné et gris. Avec en prime, sur un écran géant, une espèce de big brother qui intime aux coworkers de travailler en silence. Une expérience par forcément bien vécue par les volontaires qui ont tout de même avoué être plus productifs dans cet openspace silencieux que dans leur paradis perdu.
Le projet pose des questions intéressantes sur la révolution des espaces de travail. En particulier sur le mélange entre vie professionnelle et vie personnelle. « Est-ce que nous ne sommes pas en train de devenir esclaves de notre propre liberté de choix ? » s’interroge Celine de Waal du studio Knol. « Désormais, nous ne sommes plus capables de nous déconnecter »…

Results Only Work Environment (ROWE) – Article de Seth Stevenson paru le 13/07/14

En 2003, alors qu’elles planchaient sur de nouvelles directives de gestion des ressources humaines pour Best Buy, un important distributeur de matériel électronique américain, Cali Ressler et Jody Thompson eurent une idée révolutionnaire. Elles se demandèrent ce qui arriverait si l’on accordait aux employés une autonomie totale en échange d’une responsabilité totale. Elles baptisèrent leur projet ROWE, pour «Results-Only Work Environment». Les employés avaient le droit de travailler de chez eux quand bon leur semblait, sans avoir à se justifier ni à s’excuser. Les congés maladie et les jours de vacances à poser devenaient obsolètes, les employés pouvant prendre autant de journées qu’ils le souhaitaient, aux dates qui les arrangeaient. Une idée peut-être encore plus provocante: toutes les réunions devenaient facultatives.
Quelles ont été les répercussions du ROWE sur les employés de Best Buy à la mise en place du ROWE en 2005 ?

  • Moins de stress et plus de sommeil,
  • Amélioration de la santé générale et réduction de la propagation des maladies dans l’entreprise,
  • Possibilité de faire plus de sport,
  • Réduction du turnover,
  • Amélioration le moral des salariés.

Adopté par plusieurs sociétés le modèle ROWE semble être récemment passé de mode. Même Best Buy a décidé de ne plus suivre cette stratégie.

Pour Phyllis Moen, professeure de sociologie à l’université du Minnesota et codirectrice du Flexible Work and Well-Being Center, le problème est de redéfinir la culture du lieu de travail afin qu’elle s’intègre à notre époque.
« Les entreprises fonctionnent encore selon des schémas inventés dans les années 1950, époque à laquelle tous les employés étaient plus ou moins “attachés” de facto à un téléphone, un bureau ou une chaîne de montage, lance-t-elle. Mais ce n’est plus du tout le cas, aujourd’hui. Et la main d’œuvre n’est plus la même non plus. Autrefois, les conjoints des salariés à temps plein étaient généralement des femmes au foyer, mais aujourd’hui, il est rare que les salariés —hommes ou femmes— soient en couple avec une personne qui s’occupe de la maison à plein temps. »

Les 2 études :  

Quand le mobilier réinvente la vie au bureau : Living Office

Herman Miller initie un nouveau paysage de travail : Living Office propose une vision du management, des outils et lieux de travail.
Quel que soit le travail effectué (seul ou en équipe) et partout dans le monde, les gens participent à 10 activités sur leur lieu de travail : bavarder, dialoguer, co-créer, diviser & conquérir, se rassembler, montrer & dire, briefer & débriefer, traiter & répondre, contempler, créer. Fort de ce constat, Herman Miller a imaginé 10 configurations qui marient environnements de travail flexibles et agencements optimisés :

  • Refuge… lieu de concentration à l’abri du tumulte et des dispersions
  • Ruche… lieu associant le travail individuel au partage de l’espace commun
  • Escale… lieu accessible et ouvert permettant les réunions et rencontres improvisées
  • Clubhouse… lieu dédié à une équipe travaillant – à long terme – sur un projet commun
  • Alcôve… lieu « cocon » où les personnes – travaillant à proximité – viennent échanger ponctuellement
  • Espace de réunion… Lieu délimité et connecté facilitant les échanges
  • Palier… lieu adjacent à l’espace de réunion – ou au forum – permettant de prolonger les discussions
  • Atelier… lieu collaboratif au mobilier mobile et aux circulations généreuses
  • Forum… lieu spacieux – au mobilier design varié – accueillant des présentations pour un auditoire éclectique
  • Plaza… lieu dynamique et stratégique se présentant comme la « place forte » où se côtoient simultanément différentes activités

Quand l’émotion est la clé du bien-être en entreprise paru le 22/07/14 dans mode(s) d’emploi.

Pendant 2 ans, Beatriz Arantes, psychologue et chercheuse, a étudié avec un ergonome et un designer les facteurs émotionnels qui jouent sur le bien-être au travail.
Le facteur-clé pour le bien-être c’est l’expérience émotionnelle. Les émotions conditionnent en effet notre état mental et physique. Il faut donc soutenir ce bien-être mental et physique dans le temps si on veut améliorer les conditions de travail des salariés. C’est là que l’environnement de travail intervient en soutenant cet état mental plutôt qu’en le dégradant. Le cadre de travail inclut à la fois l’aménagement des bureaux mais aussi le cadre social qui régit les relations avec les collègues. Le plus important c’est que le salarié se sente en sécurité dans son environnement de travail.

C’est un levier caché car les émotions ne sont pas considérées comme quelque chose de professionnel en entreprise.  Traditionnellement on doit laisser ses émotions à la maison et cette question n’a jamais été vraiment au centre des discussions dans les entreprises. Alors qu’en créant un environnement de travail qui suscite des expériences émotionnelles positives, on arrive plus directement au bien-être.
Penser qu’un même espace de travail peut répondre à toutes les situations professionnelles est une illusion et dégrade la qualité de vie au travail. On n’arrive plus à faire ce qu’on doit faire, l’environnement créé des tensions avec des collègues. L’aménagement des bureaux est un des moyens d’améliorer le bien-être, mais il faut aussi changer les comportements et notamment les manières de valoriser les salariés, de les manager. Plutôt que de demander à ce que les salariés soient toujours occupés avec des calendriers bien remplis, il faut savoir trouver de la valeur dans les moments de calme. Donner suffisamment de temps aux salariés pour réfléchir et se concentrer sur les projets est le moyen le plus sûr pour les aider à travailler mieux.