A l’occasion de l’exposition Architectures japonaises à Paris 1867-2017 organisée par le Pavillon de l’Arsenal et soutenue par la Japan Fondation du 28 juin au 24 septembre 2017, nous vous proposons une synthèse d’un article du 21 juin 2017 paru dans le Figaro.fr : « Paris, terrain de jeu privilégié des architectes japonais depuis 150 ans », qui nous rappelle les échanges historiques entre les courants architecturaux français et japonais.
Modernisée sous le second empire par le baron Haussmann, Paris conserve encore aujourd’hui un bâti à 60% de caractère dit haussmannien dans lequel la capitale semble s’être figée. Pourtant, les architectes japonais Sou Fujimoto, Manal Rachdi, Shigeru Ban et Kengo Kuma qui ont signé des réalisations emblématiques comme les Mille arbres entre Paris et Neuilly, la Seine musicale sur l’île Seguin ou la future gare Saint Denis Pleyel poursuivent le dialogue entre ces deux cultures instauré dans le cadre de l’exposition universelle de 1867 avec la création du Pavillon de thé traditionnel imaginé par Usaburo Shimizu au Champ de Mars.
Dès la fin du XIXe, des liens culturels se tissent entre Orient et Occident …..
Le japonisme s’installe en France dès le début du XXème siècle pendant que l’architecture moderniste française séduit des architectes japonais comme Sakakura qui intègre l’atelier de Le Corbusier dans les années 1930. Junzō Sakakura concevra le Pavillon du Japon à l’Exposition internationale de Paris de 1937 sous l’influence du mouvement moderne représenté par Jean Prouvé, Charlotte Perriand et Le Corbusier.
Après une longue parenthèse, ce n’est que dans les années 1990 sous la présidence de Jacques Chirac fasciné par la culture japonaise, que les architectes nippons s’imposent en France avec notamment le Gaumont Grand Ecran Italie signé Kenzo Tange ou encore La Tour Pacific à La Défense imaginée par Kisho Kurokawa.
Dès lors, Paris et le Grand Paris deviennent le terrain d’expression des architectes japonais qui proposeront d’ici à 2023 une dizaine de projets en solo ou en association. D’ores et déjà, on peut citer la Bourse du Commerce situé dans le quartier des Halles à Paris qui abritera la future collection d’art contemporain de François Pinault. Le chantier sera mené par le talentueux Tadao Ando reconnu pour son travail sur le béton et la lumière.
L’un des projets phares de la création architecturale japonaise à Paris à retenir, est sans aucun doute l’immeuble « Milles arbres », le bâtiment lauréat du concours « Réinventer Paris » imaginé par Sou Fujimoto héritier d’une culture japonaise qu’il réinvente par ses créations contemporaines originales. Symbole de la ville hybride réconciliant la nature avec l’architecture, cet immeuble mixte de bureaux, d’habitation, d’hôtel et de restaurant, livré en 2022 sera implanté dans le XVII arrondissement de Paris proche de la Porte Maillot.
Enfin, l’autre grand projet phare que nous pouvons citer est la « Gare Colline de Saint Denis Pleyel » qui accueillera 250.000 voyageurs par jour et deviendra le nouveau hub du Grand Paris Express. Le projet réalisé par Kengo Kuma a été retenu pour son expertise japonaise en matière de transports.
Il serait présomptueux de définir en quelques mots les caractéristiques de l’architecture japonaise tant elle est hétérogène et construite sous diverses influences. Mais, on peut retenir des thèmes récurrents auxquels les architectes japonais sont attachés comme l’utilisation de matériaux originaux, l’art de la transparence, le parti pris de la dissymétrie, du flexible, de l‘amovible et du temporaire… autant d’influences dont s’inspirent également les architectes français contemporains.
Source : Le Figaro.fr 21.06.2017 « Paris, terrain de jeu privilégié des architectes japonais depuis 150 ans »
Olivier Cros
Directeur Studio Design & Project