Depuis quinze ans et le lancement du « plan de relance » de Nicolas Sarkozy, plus d’un demi-million de m2 ont été restructurés sur La Défense, soit la majorité des opérations tertiaires avec plus de 70% des surfaces totales livrées sur le périmètre de l’Opération d’Intérêt National*.

Comment procèdent les architectes pour rendre ces tours d’une autre époque attrayantes, et répondre aux nouveaux enjeux de séduction des utilisateurs ?

Comment les architectes d’intérieur réinventent les tours de La Défense par le design ?

La restructuration d’un immeuble est complémentaire aux constructions neuves. Elle consiste à valoriser les immeubles de bureaux existants et les adapter aux nouveaux usages des utilisateurs, tout en conservant leur identité architecturale.

Les possibilités de modifications sont multiples :

  • Ouvrir l’immeuble sur l’extérieur (dedans/dehors)
  • Optimiser les espaces de bureaux et de circulations
  • Adapter le bâtiment aux technologies modernes
  • Créer des espaces collaboratifs

D’un point de vue RSE, les restructurations ont également pour objectif d’améliorer la gestion acoustique et thermique des lieux. C’est ce qui leur permet d’obtenir de nouveaux labels et certifications de plus en plus attendus par les utilisateurs.

Le choix du design et du thème porté sur la restructuration d’un immeuble lui donne une nouvelle identité. Il est donc loin d’être anecdotique car c’est en grande partie ce qui lui permet d’attirer de nouveaux occupants.

« Une expérience à la carte, dans un esprit hôtelier »

Le défi d’une restructuration est souvent de taille. Boris Gentine, l’architecte d’intérieur et designer en charge de la restructuration de la tour CB21, nous évoque sa problématique :

« Comment réinventer dans une nouvelle modernité une tour pensée à la fin des années 60 et réalisée dans les années 70 ? »

En effet, il s’agit de réussir à adapter les bâtiments existants aux nouveaux usages des utilisateurs. Mais il faut prendre en compte les contraintes architecturales d’un immeuble construit il y a plusieurs décennies.

Construite entre 1972 et 1974, la Tour CB est haute de 188 mètres et composée de 41 étages. C’est l’une des premières tours édifiées dans le quartier de La Défense, ce qui en fait un parfait exemple.

Elle vécut une première restructuration complète en 2010.  Puis une seconde est réalisée de 2019 à 2021, pilotée par l’agence d’architecture Saguez & Partners pour le compte de Covivio. Cette deuxième restructuration a pour but de rénover son socle serviciel et ses circulations, dans un style hôtelier. Les architectes ont donc repris les codes des grands hôtels business, invitant ainsi les utilisateurs au voyage.

« Un concept de bureau hôtel »

L’idée était de réaliser un ensemble très homogène, avec pour thème l’hôtel au bureau. Cela signifie un espace de grande qualité offrant différents services. Les espaces de restauration conçus nous amènent ainsi chacun dans un univers différent. Un espace raconte plus la méditerranée. Un autre plus dynamique est nommé « Tonic Lunch ». Et un autre s’appelle « la Bibliothèque des Gourmets ».

La majestueuse « Bibliothèque Takis » est ornée d’une sélection d’objets, de photographies et de livres rappelant le voyage, la destination. Faite de bois, elle offre un véritable lieu d’échanges, de partage et de travail aux hôtes de la tour.

« Les jardins de Gally » ont repensé et imaginé toute la partie extérieure, soit plus de 1500 m2 de jardins en pied d’immeuble. C’est un atout unique dans le paysage de La Défense.  Les espaces extérieurs sont désormais de véritables compositions végétales alternant les ambiances, comme des œuvres d’art à ciel ouvert de jour comme de nuit. Dans ces parcours insolites agrémentés de plantations choisies, on se balade, on se croise, on se rencontre, on chemine, on s’inspire… On respire !

« Les utilisateurs de bureaux ont changé. Les lieux de travail doivent désormais proposer une expérience, un voyage qui donne envie de s’y rendre. »

Thomas Weinberg, responsable commercialisation chez Covivio.

L’idée de ce « bureau hôtel » est de ne plus concevoir les bureaux uniquement comme des lieux de travail, mais aussi des lieux où l’on vit. A l’instar des hôtels qui sont à la fois lieux de réception d’une grande qualité de confort, mais aussi de plus en plus d’une qualité d’usage.

Créer des lieux d’exception pour une expérience utilisateur singulière :

« Travailler l’esprit du lieu pour vivre des émotions particulières. » C’est ce que nous explique Christophe Pillet, le designer en charge de la rénovation d’une partie de la tour Voltaire.

Une restructuration donne l’occasion de créer des lieux d’exception, faciliter la flexibilité d’aménagement et le travail collaboratif, tout en optimisant l’apport de lumière naturelle, et le nombre de postes de travail en premier jour.

Rénovée en 2019, et aujourd’hui réinventée en ce qui concerne le socle de services, la tour Voltaire cultive un art de vivre au cœur même du 1er quartier d’affaires européen.

L’objectif était d’avoir une décoration minimaliste pour ne pas trop charger l’espace d’accueil tout en ayant un regard artistique signé Christophe Pillet. La lucidité de l’expression et la recherche de la simplicité sont les principes clés de son œuvre.

Cette approche minimaliste et épurée du designer et sa volonté d’offrir aux collaborateurs une expérience réellement singulière et sensible ont guidé le choix des matériaux ainsi que des tonalités déployées sur l’ensemble des surfaces.

« La minéralité, la théâtralité, la sensualité, la simplicité et l’amplitude des espaces contribuent à créer une sensation apaisante, stimulant l’imagination et la collaboration. »

Christophe Pillet

Stimuler la créativité

Dans un style totalement différent, les architectes en charge de la restructuration de l’immeuble « La Fabrique » pour le compte de SwissLife, se sont orientés vers un style industriel tout en briques anthracites, béton, métal et verre. L’immeuble construit vers 1987 a pour vocation de stimuler la créativité de ses futurs utilisateurs et de se distinguer au milieu du paysage urbain de Nanterre-La Défense.

Revisitée par l’agence We-Bau, cette architecture affirmée et contemporaine confère une image de marque forte et sécurisante pour un siège d’entreprise.

« Nous avons cherché à moderniser l’image du bâtiment existant, tout en lui conservant son caractère originel notamment par l’utilisation de Bow-window venant se greffer en surplomb, à la manière d’une façade double peau, animant et brisant la régularité des percements existants, sans toutefois modifier leurs rythmes et composition. »

Autre atout majeur du bâtiment, le rooftop qui fera office de bulle végétale, un véritable espace de sérénité, lieu de rencontres et de pauses conviviales.

Ouvrir l’immeuble à la lumière :

C’est un des principaux défis d’une restructuration d’immeuble : augmenter la luminosité d’une structure existante. C’est sur cet axe « d’ouverture » qu’est pensée la restructuration de la tour EQHO (opérée par ICADE). Anciennement appelée tour Descartes, l’immeuble est composé de 41 étages pour une surface de 79000 m2.

Plus de 250 millions d’euros ont été investis dans la rénovation complète de cette tour.

Aujourd’hui surnommée la « lumino-cité », la tour EQHO s’est adaptée aux nouvelles demandes de la clientèle. Ses plateaux sont plus grands, lumineux et ouverts, avec 95% de ses bureaux en premier jour.

Les architectes ont crée un hall cathédral de 14 mètres de hauteur, avec un double accès « La Défense/Courbevoie ». Ce dernier est surmonté d’une grande verrière, qui permet d’être baigné de lumière naturelle tout au long de la journée.

Des verres teintés y sont placés, afin de proposer chaque jour aux occupants des reflets de couleurs. Ils changent de places tout au long de la journée.

La façade est également entièrement rénovée avec une triple peau verrier de couleur champagne.

Tous les restaurants et les lieux de convivialité portent également un nom en adéquation avec le thème de la lumière. Vous y trouverez le restaurant « Le Reflet », ou encore la cafétéria « L’Horizon ».

Que ce soit l’ouverture à la lumière, sur la ville ou sur des jardins, à la collaboration ou à de nouveaux services, les architectes en charge de ces rénovations ouvrent les immeubles à une nouvelle vie.

*Opération d’intérêt national Paris-Saclay. Projet dont le territoire s’étend sur 28 communes dans le sud-ouest de l’Île-de-France.