Quels sont les besoins de flexibilité des entreprises ? Comment le marché s’adapte pour y répondre ? Regards croisés de P Martin, Directeur Immobilier France & Benelux chez IBM et G Yates, Director Enterprise Solutions France chez WeWork.

Interview menée par Berengere Oster, Directrice du Développement CBRE A&T Services Occupiers avec :

  • Philippe Martin – Directeur Immobilier France & Benelux chez IBM
  • Georges Yates – Director Enterprise Solutions France chez WeWork

Bérengère Oster / CBRE : IBM continue le profond renouvellement de son offre de services, se développe et a l’ambition d’amplifier son développement dans les technologies digitales. Comment cela se traduit-il en termes de besoin de flexibilité immobilière ?

Philippe Martin / IBM :  “IBM a en effet lancé le recrutement de 1500 personnes consultants, architectes, chefs de projet, dans les 18 mois qui viennent. Pour l’essentiel, des populations jeunes, fortement mobiles qui sont au contact permanent de nos clients. De plus, l’innovation, essentielle pour nous, passe par un travail en profondeur avec l’éco-système digital, par de la co-création avec nos clients et nos partenaires. Vous avez là les principaux moteurs de notre besoin de flexibilité : mobilité de nos collaborateurs, capacité à gérer des variations d’effectifs, capacité à travailler en mode projet ou dans des logiques d’incubateur.”

Bérengère Oster : Ces moteurs sont-ils ceux que WeWork constate chez ses clients ?

Georges Yates / Wework : “Les startups et les sociétés de la tech ont non seulement disrupté des business modèles mais ont transformé nos modes de travail. Le monde du bureau est en phase de mutation profonde. WeWork grâce à sa plateforme permet de répondre aux besoins d’acteurs très différents, au travers de solutions sur mesure, et accompagne les sociétés à tous les stades de leur développement. “

Nous avons trois grands types de membres : les start-ups et les PME dont le nombre de postes de travail doit pouvoir varier et qui viennent chercher des services et lieux inspirants qu’elles n’auraient pas seules, pour des questions de taille critique ; des free-lances, dont la part dans la population active ne cesse d’augmenter, qui souhaitent faire partie d’une communauté ; des grandes entreprises en quête d’agilité, qui cherchent à se transformer et à rester compétitives dans la guerre des talents. “

Bérengère Oster : Quel est le panel de solutions mis en place par IBM pour répondre à son enjeu de flexibilité ?

Philippe Martin / IBM  : “En tout premier lieu, il s’agit de rendre nos propres espaces plus flexibles, dans une logique de « space on demand », pour à la fois gérer la mobilité de nos salariés, intégrer des incubateurs et permettre une grande agilité dans la conduite des projets : nous sommes dans une démarche d’évolution permanente de nos espaces de travail à l’écoute de l’évolution des usages. La discussion avec les bailleurs sur la flexibilité requise dans les engagements et les durées fermes est aussi plus ouverte. Au-delà de nos sites stratégiques les espaces de coworking sont une solution complémentaire à la prise à bail classique, qui permet une grande réactivité, mais soulève aussi notamment des questions de confidentialité, de sécurité et de sentiment d’appartenance à l’entreprise. La position du curseur entre bail classique et espaces collaboratifs n’est pas encore stabilisée, et nous aimerions d’ailleurs avoir plus d’alternatives dans les villes moyennes où la gestion par baux traditionnels n’est pas toujours la mieux adaptée à nos besoins locaux.”

Bérengère Oster : Quel est l’éventail des offres proposées par WeWork pour répondre au besoin de flexibilité de ses membres ?

Georges Yates / Wework : “WeWork, c’est d’abord l’accès à une communauté et à un réseau mondial, à travers la mise à disposition d’espaces collaboratifs. La cohabitation avec d’autres sociétés est toujours vécue comme un élément de motivation de nos membres. C’est aussi une optimisation permanente, grâce aux data d’usage que nous collectons, et une innovation continue, notamment vers plus de personnalisation avec un smart desk, à venir, qui s’adapte à vos préférences.

WeWork adresse le sujet de la confidentialité en customisant des espaces privés à toute échelle pour des sociétés entre autres du secteur bancaire, de la cyber sécurité ou encore des nouvelles technologies.

Concrètement, notre offre intègre :

  • La réservation de quelques postes ponctuellement.
  • La réservation d’un plateau customisé permettant à l’entreprise d’affirmer son identité mais sans capex car pris en charge par WeWork.
  • Des solutions hybrides sur tout ou partie d’un immeuble avec l’accès à des services et à un écosystème sur une durée d’engagement plus courte qu’un bail classique (2 ou 4 ans), y compris lorsqu’il s’agit de sourcer un immeuble spécifiquement pour un client, WeWork portant l’engagement de longue durée, mais offrant aussi une flexibilité spatiale en augmentant ou en réduisant la surface occupée selon les besoins dans le temps.
  • Services dits Powered by We – La transformation et la gestion d’espaces en implémentant, au sein des locaux d’une société, des espaces de travail plus conformes aux besoins culturels, professionnels et commerciaux des sociétés, grâce à l’expertise et aux technologies de WeWork.
  • La monétisation ou l’optimisation de surfaces vacantes. En partenariat avec une société, WeWork peut implanter le concept d’espaces de travail collaboratifs WeWork au sein même des grands groupes dans leurs immeubles ou grandes surfaces vacantes si leur localisation le permet.

Bérengère Oster : Quel serait votre mot de conclusion ?

Philippe Martin / IBM  : Optimisation de son propre patrimoine et flexibilité des solutions, en étant attentif aux nouvelles offres qui pourraient émerger

Georges Yates / Wework : Nous sommes juste au début de l’ère de la transformation digitale mais aussi de l’ère de l’agilité. L’intelligence artificielle et le quantum computing vont avoir un impact majeur sur le monde du travail et la société en générale. Personne ne peut prévoir exactement quel sera l’impact sur leur business d’où la nécessité de rester agile donc flexible.