Les friches semblent désormais rimer avec opportunité pour les projets immobiliers. Leur transformation éphémère en lieux attractifs et fédérateurs connait un vrai essor depuis quelques années et profite largement à la valorisation du site et au développement de projets urbains.

Bien-être

Nouveau lieu éphémère festif et engagé du quartier Gaîté-Montparnasse, le « Consulat » a fait sa rentrée ce week-end. C’est dans les anciens locaux du journal Le Point, avec pas moins de 3 000 m² répartis sur 4 étages, que l’association GANG (Groupe Action Neon Green) a créé cet espace hybride, ouvert à tous jusqu’au mois d’octobre. Les animations sont infinies : expositions, résidences d’artistes, cantine bio, coworking, conférences, cours de sport, activités pour les enfants, pop up vintage, concerts, soirées techno, avant-premières… Une occasion idéale pour Unibail-Rodamco de mener une opération de communication auprès du voisinage qui devra supporter 3 ans de travaux dans le cadre du chantier des Ateliers Gaîté, une transformation massive du quartier d’ici 2020.

Le phénomène « éphémère » se pérennise…

De fait, depuis quelques années, propriétaires et promoteurs, SNCF Immobilier en tête, délivrent des conventions d’occupation temporaire à des collectifs qui redonnent vie à des friches et des immeubles inoccupés en amont des chantiers, avec pour maîtres mots « curation » et « chill ». Déjà en 2015, l’entreprise ferroviaire avait permis l’occupation du Dépôt de la Chapelle par Ground Control (puis Grand Train en 2016). Ce lieu de vie éphémère en bordure des rails à l’esprit très berlinois avait largement séduit les parisiens : le quartier Marcadet-Poissonniers était devenu The place to be. 73 000 m² seront bientôt aménagés pour ce premier quartier mixte bas carbone de Paris, dont le promoteur lauréat sera sélectionné début 2019. En attendant le lancement d’un vaste projet immobilier du Grand Paris sur 22 hectares, la Station – gare des Mines (Porte d’Aubervilliers) propose concerts, soirées et expositions grâce à un projet de réhabilitation confié au collectif MU, très actif pour soutenir les scènes émergentes. L’Aérosol, dans le 18ème, auto-proclamé « spot le plus cool de Paris », héberge le musée du street art, mais aussi le week-end des food trucks, des cours de sports urbains et des soirées roller-disco. Les 5 hectares du site accueilleront à terme 56 000 m² de surfaces d’activité, dont 40 000 m² de tertiaire qui devraient attirer 3 500 salariés, 5 400m² de logement et des espaces verts. Une opportunité pour les aménageurs ou les promoteurs de rentabiliser l’immobilisation d’un terrain voire d’en éviter la dégradation en amont du lancement des travaux. Ces initiatives valorisent le patrimoine déjà existant et amorcent en douceur le changement en apportant à des quartiers souvent populaires un rayonnement culturel très apprécié.

…Et se propage

À Bordeaux, le renouveau de la rive droite est ainsi en partie due à l’installation en 2009 de l’écosystème Darwin, qui propose un lieu de vie alternatif dans une ancienne caserne désaffectée de près de 20 000 m². Dédié au développement économique responsable, à l’entrepreneuriat social, à la transition écologique et à l’activisme citoyen, le site accueille notamment une pépinière d’entreprises et des espaces de coworking aujourd’hui très prisés. Les 650 salariés du site côtoient touristes et badauds venus déambuler ou profiter de la plus grande cantine bio d’Europe. Avec son million de visiteurs par an, c’est désormais le deuxième lieu le plus visité de la ville. Que les initiatives soient éphémères ou ancrées dans les territoires, cette nouvelle manière d’optimiser les friches en les transformant en lieu d’échanges ouverts répond aux besoins des nouvelles générations de se retrouver autour d’une effervescence culturelle ou de projets participatifs. Le challenge des professionnels de l’immobilier est de réussir à préserver ces dynamiques positives dans leurs projets d’aménagement.   LE CONSULAT ✨AMICUS SALVÈ from REMI BESSE on Vimeo.

Claire Lamicq

Responsable Marketing