Une récente étude démontre que les bureaux qui disposent de salles de jeu ou de recréation permettent aux employés de se sentir plus jeunes et donc plus efficaces. CBRE a traduit pour vous l’article Why Offices Full Of Ping-Pong Tables And Video Games Might Be Onto Something publié sur le site fastcodesign.com par Eric JAFFE.
Pourquoi les bureaux équipés de tables de ping-pong et de consoles de jeux vidéo ont peut-être trouvé un filon.
Une nouvelle étude révèle que l’âge que vous avez l’impression d’avoir a plus d’impact sur votre productivité que l’âge que vous avez en réalité. Des bureaux salles de jeux, super !
Le “wow-factor” des bureaux des start-ups arborant des équipements dignes des cours de récréation — toboggans, tables de ping-pong, salles de jeux construites sur le thème de Alice au pays des merveilles, on en passe — s’est un fané mais ces concepts de design génèrent encore beaucoup de débats. Certains experts soutiennent l’idée que ce genre d’équipement peut améliorer le lieu de travail, l’humeur des employés et leur productivité. D’autres témoignent d’une certaine compassion, du genre Denise Cherry, architecte d’intérieur, qui récemment qualifiait cette tendance “d’un peu juvénile, un peu trop ludique.”
Mais il est logique qu’un design ludique aide les employés à rester jeunes d’esprit, ce qui en retour a un impact sur la réussite de l’entreprise. C’est le message clé d’une nouvelle étude sur l’âge “subjectif” des employés portant sur 107 entreprises. Le trio des chercheurs, mené par Florian Kunze de l’université de Constance en Allemagne, révèle que les employés qui se sentent plus jeunes qu’ils ne sont en réalité, remplissent plus d’objectifs professionnels, ce qui, par répercussion, prédit un niveau plus élevé de réussite de l’entreprise toute entière.
“En d’autres termes, le personnel d’une organisation qui se sent plus jeune que leur âge véritable, est un avantage pour l’entreprise dans son ensemble,” écrivent Kunze & co. dans le Journal of Applied Psychology.
L’étude plaide pour aider les employés à se sentir éternellement jeunes.
La recherche du lien entre l’âge moyen sur un lieu de travail et la performance s’appuie en premier lieu sur la date de naissance des employés. Mais, dès qu’on atteint l’âge de 25 ans, la plupart d’entre nous commence à se sentir plus jeune que notre âge; une étude datant de 2006 a révélé que les personnes de plus 40 ans disent se sentir 20 % plus jeunes que leur âge.. Comme le sentiment d’être jeune est associé à un signe de santé et de vitalité, Kunze et ses collaborateurs se sont demandés si un esprit rajeuni pouvait également impacter la productivité au travail.
Les chercheurs se sont alors lancés dans une étude à grande échelle et ont adressé des questionnaires à plus de 15 000 employés sur un total de 107 entreprises dans différents secteurs d’activité : production, vente en gros, vente au détail, services et finance. Ils ont demandé aux employés d’indiquer leur âge réel et l’âge qu’ils ont le sentiment d’avoir, ainsi que diverses mesures de performance individuelle tels que les objectifs professionnels atteints cette année. Des gestionnaires de RH et la direction ont donné des informations sur le style de l’entreprise ainsi que ses mesures de réussite telles que la performance financière et la rétention du personnel.
Effectivement, dans l’ensemble, les employés se sentaient plus jeunes que leur âge réel – de 4,4 années en moyenne. Allant dans le sens des études précédentes, les employés de moins de 25 ans, eux, se sentaient plus âgés d’environ une année. Mais les employés de plus de 25 ans ont plus que compensé cet écart : par rapport à l’âge indiqué sur leur permis de conduire, les 30 à 49 ans se sentaient 5 ans plus jeunes que leur âge en moyenne et les plus de 50 ans se sentaient 8 ans plus jeunes.
Cette mentalité jeune rapporte. Kunze et son équipe ont découvert que, à mesure que l’âge “subjectif” moyen d’une entreprise baisse, les objectifs atteints par son personnel augmentent. Leur analyse démontre également que, à mesure que le nombre d’objectifs atteints augmente, la performance de l’entreprise augmente. En d’autres termes, les employés qui se sentent plus jeunes qu’ils ne sont accomplissent plus de choses dans une journée de travail et l’entreprise toute entière en tire des bénéfices.
Bien que les résultats de l’étude n’expliquent pas précisément pourquoi les employés qui se sentent plus jeunes travaillent mieux, plusieurs explications sont possibles. Beaucoup de jeunes professionnels cherchent à progresser dans leur carrière; les employés plus âgés, eux, cherchent à conserver leur position et à réduire les risques. Donc une entreprise dont les employés se sentent plus jeunes a des chances de perpétuer une culture jeune : s’encourager les uns les autres à faire plus d’efforts, et ainsi encourager les employés qui sont réellement plus jeunes à faire encore plus d’efforts.
A mesure que l’âge subjectif moyen d’une entreprise baisse, les objectifs atteints par son personnel augmentent.
“Par exemple,” écrivent les auteurs de l’étude, “au sein d’une start-up de haute technologie, la norme de l’âge subjectif peut commander aux employés de se sentir jeunes, dynamiques, de garder un cœur d’enfant.”
Il faut néanmoins soulever une réserve entre l’âge subjectif et la réussite de l’entreprise. Elle ne tient, sur le plan statistique, que dans les entreprises ayant un environnement de travail “dynamique”. Les auteurs définissent les entreprises dynamiques comme étant celles qui procèdent fréquemment et en permanence à des ajustements; les préférences de leurs clients changent rapidement par exemple, ou bien leurs produits ont des cycles de vie courts. Les entreprises qui évoluent dans des environnements moins volatiles n’ont démontré aucune amélioration claire de leur performance, même quand l’âge subjectif allait vers le bas.
Les employés qui se sentent plus jeunes qu’ils ne sont atteignent plus d’objectifs professionnels mais seulement dans un environnement de travail dynamique (source : Journal of Applied Psychology).
Kunze et son équipe supposent que les employés qui se sentent plus jeunes seront suffisamment “flexibles sur le plan cognitif et émotionnel” pour atteindre les objectifs changeants des entreprises dynamiques. Dans les entreprises stables, par contre, le statu quo pourrait être tout à fait suffisant pour leur réussite. La jeunesse ambitieuse et la fiabilité de l’âge ont toutes deux leur place.
Avant d’envisager de transformer votre salle de réunion en salle d’arcade avec flippers, il est bon de prendre en compte certaines réserves quant à cette étude. Il est possible que certains participants aient confondu “âge subjectif” avec l’âge qu’ils paraissent avoir, au lieu de l’âge qu’ils se sentent avoir. C’est la direction de l’entreprise qui a fait état de leur réussite, pas une mesure objective indépendante. Enfin et surtout, l’analyse statistique n’est pas en mesure d’établir avec exactitude que l’âge subjectif a effectivement généré un changement dans la performance au travail.
Mais si cette hypothèse est vraie, l’étude plaide pour aider les employés à se sentir éternellement jeunes. “Nos résultats impliquent que les entreprises devraient sans doute moins s’inquiéter de l’âge chronologique de leurs employés mais plutôt de prendre des mesures de stimulation de leur personnel et leur permettre de se sentir plus jeune qu’ils ne sont, surtout s’ils opèrent dans un environnement externe dynamique,” ont conclut les auteurs. Et maintenant, à qui le tour de monter sur le toboggan ?