Les technologies sont de plus en plus perçues comme un moyen d’atteindre des objectifs centrés sur l’humain.
Les stratégies IT demeurent une préoccupation majeure pour les entreprises, qu’il s’agisse de concevoir les process, déployer les outils ou développer les compétences adéquates. La majorité d’entre elles continue d’exprimer leurs questionnements quant à l’impact des innovations technologiques sur leur fonctionnement opérationnel, dans une proportion toutefois moindre que l’an dernier, 60 % considérant cet impact dans les trois années à venir comme important ou très important.
Elles commencent par ailleurs à percevoir plus clairement d’où surgiront les principaux bouleversements : 83 % ont cité l’intelligence artificielle et l’apprentissage automatique (machine learning) comme faisant partie des trois innovations technologiques les plus impactantes pour leur business, avant l’Internet des objets (IdO) (56 %) et l’automatisation des processus par la robotique (RPA) (50 %) (voir Visuel 1).
Face à ces trois préoccupations majeures, comment les entreprises se positionnent-elles en matière d’investissement dans les technologies de l’immobilier et de recrutement des talents nécessaires ? 70 % d’entre elles envisagent d’augmenter leurs investissements IT dans les années à venir. S’agissant du secteur banque et finance, cet objectif est même partagé par 77 % des sociétés.
Et sans surprise, les technologies privilégiées par les entreprises et les motivations qui président leur déploiement reflètent une évolution du marché vers des objectifs plus centrés sur l’humain.
Actuellement, les capteurs connectés et les systèmes de contrôle de la consommation énergétique, tous deux axés sur l’efficacité du bâtiment, constituent les deux technologies immobilières les plus prisées. En revanche, les prévisions d’investissement futur ciblent les applis d’orientation pour utilisateurs et les objets connectés, des technologies orientées vers les besoins des salariés. Nous constatons une évolution similaire dans les motivations qui président ces velléités d’investissement : l’optimisation de l’occupation va supplanter les préoccupations actuelles concernant la gestion de l’énergie et le Facility Management, les thématiques relatives à l’amélioration de l’eXpérience Utilisateur et de la productivité des salariés faisant irruption dans le top 3 futur (voir Tableau 1).
L’ère du post-numérique – où le digital s’imposera comme la nouvelle norme – pourrait devenir une réalité dans le secteur de l’immobilier à brève échéance. Les entreprises qui pensent le numérique en termes de processus plutôt que de finalité seront mieux à même de satisfaire les attentes croissantes et de plus en plus changeantes de leurs clients.
Mais pour atteindre ces objectifs, quelles compétences les entreprises doivent-elles mobiliser, et comment les développer au mieux ? Est-il plus efficace d’engager directement la transformation digitale de l’entreprise, en déployant les outils et équipements numériques et en pariant sur l’acculturation des salariés pour les rendre plus agiles en matière de technologies, ou de recruter des spécialistes déjà formés afin de réaliser le travail d’analyse des données nécessaire pour accompagner les objectifs IT ?
Notre enquête apporte un éclairage intéressant sur les approches privilégiées. Les plans visant à embaucher de nouveaux talents sont loin d’être universels mais, lorsqu’ils existent, les responsables UX et en transformation digitale apparaissent plus recherchés que les data scientists. Ces intentions peuvent sembler contradictoires avec le focus exprimé par les entreprises ces deux dernières années sur les thématiques d’analyse prédictive, qui exigent des compétences pointues de traitement de l’information.
Qu’observons-nous en réalité ? Il semble que les entreprises ont davantage pris conscience (parfois à la suite d’une mauvaise expérience) de la nécessité de préalablement mieux organiser et documenter leurs données internes afin de pouvoir procéder par la suite à des analyses de métadonnées de grande envergure. Autant de tâches qui relèvent de la mission des responsables en transformation numérique.
En outre, le peu d’engouement à recruter en direct des data scientists ne signifie pas nécessairement qu’ils sont perçus comme sans importance par les entreprises mais plutôt qu’il existe d’autres manières de bénéficier de leurs compétences. Le recours à des firmes externes spécialisées, telles que les sociétés de la proptech (spécialisées dans les technologies de l’immobilier), via des missions de data consulting, pourrait devenir l’option privilégiée par de nombreuses entreprises. Par ailleurs, certaines constatations indiquent qu’installer ces talents hyper spécialisés dans les technologies au sein d’un univers qui leur est familier, entourés d’autres scientifiques, entrepreneurs, investisseurs en capital-risque, etc., a plus de chance de réussir que de chercher à les intégrer dans un environnement corporate. Certaines entreprises pourraient donc explorer la possibilité de développer des solutions autonomes dédiées, telles que des incubateurs internalisés.